“Je sens trop ce qui se passe ici… je n’arrive pas à me laisser aller.”
Ce constat dit beaucoup de la manière dont notre conscience réagit au contexte, à la présence de l’autre, à l’inconnu. Il dit aussi quelque chose de notre époque : hyperconnectée, hyperstimulante, hypervigilante. Et il révèle un paradoxe profond : ceux qui sentent « trop » croient qu’ils n’entrent pas en hypnose… alors même qu’ils en possèdent déjà l’une des compétences fondamentales! Car sentir beaucoup, sentir vite, sentir fort, est une véritable porte d’entrée possible à l’expérience hypnotique. L’erreur serait de croire que la transe hypnotique demande de « couper » le flux ses perceptions, émotions, pensée… autrement dit, de les anesthésier. En réalité, l’hypnose exige exactement l’inverse : une présence accrue à ce qui est présent, mais une présence qui se pacifie, qui s’organise différemment, qui envisage tranquillement l’intention de modifier ce qui est là, dans le sens souhaité.
Par 
Dans les premières expériences hypnotiques, l’apprenant se trouve souvent dans une double tension:
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la tension du dehors - les bruits, les mouvements, les regards, les attentes supposés de l’intervenant ;
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la tension du dedans - l’autocritique, la vigilance, le contrôle, l’analyse.
Quand ces deux tensions se répondent, le corps se met en mode « sentinelle ». Et un corps en mode sentinelle ne se laisse pas aller : il surveille. Il vérifie. Il scanne. Et il s’agit là d’une réaction bien naturelle ! La bonne nouvelle, c’est que « sentir beaucoup » est justement ce qui ouvre la possibilité d’une hypnose plus fine, plus incarnée, et souvent plus profonde - à condition de changer la manière de sentir. Non pas sentir moins (comme beaucoup en début de formation le souhaiteraient), mais sentir autrement.
À Ipnosia, nous travaillons depuis des années sur cette transition fondamentale : transformer l’hyperperception en ressource hypnotique. Car derrière la phrase « je n’arrive pas à me laisser aller », il y a souvent autre chose :
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un manque de sécurité des conditions de l’expérience (nouveau lieu, nouveau partenaire d’exercice, formation débutée récemment…),
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un corps encore à l’écoute unique des rythmes du quotidien,
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une sensibilité qui n’a pas encore trouvé comment se déposer dans l’espace,
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une attention qui n’a pas encore appris à suivre le fil qui mène vers cet espace de transformation nommé hypnose
Le rôle de la formation, c’est précisément cela : aider l’apprenant à déplacer son centre de gravité sensoriel, à passer d’une perception en « mode radar » à une perception en « mode rivière » - moins dispersée, plus orientée, plus fluide, plus dans le mouvement. Quand cela arrive, quelque chose change profondément : la personne ressent mieux le contexte, et autrement. Les repères extérieurs deviennent des appuis plutôt que des intrusions (par exemple, le bruit devient comme une texture du moment). Le mouvement devient ambiance (un rythme, un tempo, un climat). La présence des autres devient comme une respiration commune (engagement commun vers de mêmes objectifs…). Ce moment-là signe l’entrée dans une forme d’hypnose mature : une hypnose où l’on ne fuit pas le monde pour entrer en soi, mais où l’on laisse le monde émerger autrement à travers soi.
Alors… Il n’y a pas de honte à « sentir trop ». Il n’y a pas de retard à « ne pas réussir à lâcher ». Il y a un mouvement, un apprentissage, et une plasticité bien naturelle en temps d’apprentissage. Chaque praticien confirmé est passé par cette étape! Chaque expert de la transe hypnotique a appris, un jour, à apprivoiser ce qui se passe ici, à l’extérieur, pour pouvoir descendre vers ce qui se passe là, dans cet espace ouvert où le mouvement de la transformation va prendre place.
Alors si vous avez l’impression de sentir trop, ne cherchez pas à écraser ces signaux… Cherchez plutôt à les apprivoiser ou mieux, à vous y acclimater. En ralentissant, en respirant, en prenant plaisir par anticipation à tous cette scène de jeu qui s’ouvre à vous! Parce que c’est précisément là, dans cette hypersensibilité qui deviendra disponibilité, dans cette vigilance qui deviendra présence, dans cette intensité qui deviendra profondeur, que se joue l’hypnose que nous défendons : une hypnose vivante, incarnée, écologique, où l’on ne « se laisse pas aller » comme on tombe, mais où l’on s’installe en tranquillité et confiance joyeuse en ce qui va suivre.
En cadeau, pour vous entrainer, une courte expérience sonore, à reconduire autant que fois que vous le souhaitez.
Bon fil de votre rivière !








