Hypnose : définition, pratiques et usages
L’hypnose fait l’objet de beaucoup de croyances voire de fantasmes. Il est donc utile de revenir sur les fondamentaux de la notion pour défricher les réalités qu’elle recouvre
Qu’est-ce que l’hypnose ? Comment se caractérise l’état hypnotique ? Quelles sont les différentes approches de l’hypnothérapie et à quoi servent-elles ?
L’objectif de cet article est de proposer un tour d’horizon de la notion, proposer une définition simple de l’hypnose et des techniques d’hypnothérapie qui l’utilisent et d’en éclairer les caractéristiques.
Hypnose : définition
Au sens strict, le terme d’hypnose ne renvoie pas tout d’abord à une quelconque pratique thérapeutique mais à un état de conscience. Autrement dit, le sens premier du terme est celui d’état d’hypnose, c’est-à-dire l’état hypnotique.
Etat hypnotique
L’état d’hypnose ou état hypnotique est un état de conscience modifié (par rapport à l’état habituel). Cet état dont la réalité scientifique a pu être observée par IRM notamment est parfaitement naturel : il peut survenir dans des situations variées de la vie courante, sans intervention de techniques dont le but serait d’induire cet effet. On peut ressentir un état de conscience modifié proche de l’hypnose à la lecture d’un roman, à l’observation de certains spectacles répétitifs ou à motifs...
L’hypnose en tant qu’état de conscience représente une opportunité pour agir différemment avec des objectifs qui peuvent varier (traitement de la douleur, gestion d’anxiété ou de troubles anxieux, sédation, comportements de dépendance...).
Pour le dire autrement, l’état hypnotique est naturel et peut être spontané. Puisqu’il présente des avantages thérapeutiques, l’hypnothérapie va chercher à reproduire et à induire volontairement cet état de conscience modifié pour agir, en utilisant un certain nombre de techniques visant justement à reproduire “artificiellement” l’état hypnotique.
Hypnothérapie
L’hypnothérapie correspond donc à l’usage de l’hypnose dans un but thérapeutique. Plus strictement, l’hypnothérapie concerne l’usage de l’hypnose en psychopathologie. On parle en outre d’hypnosédation qui accompagne l’anesthésie ou encore d’hypnoanalgésie lorsque l’hypnose est utilisée pour le traitement de la douleur.
On peut également faire la distinction entre l’hypnothérapeute qui vient utiliser l’hypnose dans le soin et l’hypnotiseur qui utilise ces techniques pour un usage récréatif ou dans le domaine du spectacle.
Chez Ipnosia, nous vous proposons pour récapituler la définition de l’hypnose suivante :
« L’hypnose consiste en un état de fonctionnement psychologique par lequel un sujet, en relation avec un praticien, fait l’expérience d’un champ de conscience élargie.»
Les différentes approches de l’hypnose
Le terme d’hypnose en tant que pratique recouvre une réalité diverse. L’hypnose est en effet ancrée dans la gamme des outils à disposition des soignants depuis plusieurs siècles en Occident. En particulier, le XIXe siècle a vu un intérêt renforcé pour l’hypnose qui accompagne l’émergence de nouvelles sciences et disciplines : sciences humaines et sociales mais surtout développement de la psychiatrie moderne, psychanalyse, psychothérapies...
Ces nouvelles disciplines utilisent l’hypnose d’une part en raison des résultats observés de la pratique et d’autre part en lien avec les découvertes et explorations sur l’inconscient à partir de la fin du XIXe siècle.
Depuis, l’hypnose classique a largement évolué au cours du XXe siècle et dans les premières années du XXIe siècle pour donner naissance à plusieurs mouvements ou approches de la discipline.
L’hypnose Ericksonienne
L’hypnose Ericksonienne se distingue des approches plus traditionnelles (hypnose dite classique notamment) en s’appuyant moins sur des formes de suggestions et injonctions mais plutôt en considérant que le patient possède en lui les clés et ressources nécessaires pour avancer ou remplir les objectifs du soin. L’approche conduit alors à guider la personne vers des changements ou améliorations de son comportement de façon indirecte ou détournée.
Il faut préciser d’emblée que si de nombreuses pratiques revendiquent aujourd’hui une filiation avec la méthode Ericksonienne, celle-ci a connu d’importantes évolutions parfois très variées.
Cette approche de l’hypnose trouve ses racines dans une recherche de ponts entre le conscient et l’inconscient et donc a un lien de parenté avec la psychanalyse. Plus concrètement, la conviction fondamentale des ressources détenues par l’individu pour participer à la dynamique de soin lui donne une place importante dans les méthodes d’hypnothérapie, en rupture avec l’hypnose classique.
L'hypnose humaniste
L’hypnose dite humaniste se distingue des approches classiques par les méthodes utilisées et par la nature de l’état de conscience modifié qui en résulte. Dans une hypnose classique, le consultant est plongé dans un état hypnotique, comme on l’a évoqué.
Au contraire, l’hypnose humaniste applique des techniques qu’on retrouve habituellement en fin de séance d’hypnose et qui visent à “réveiller” le consultant.
L’objectif est d’atteindre un état modifié de conscience mais cette fois dit “ouvert” ou encore “augmenté”.
Cette approche convient notamment mieux aux personnes qui seraient réticentes à l’hypnose traditionnelle, l’état de conscience modifié atteint ne provoquant pas la même sensation de “lâcher-prise”.
Comme dans l’approche Ericksonienne étudiée auparavant, c’est la personne qui est active de son parcours en prenant conscience de blocages qui la retiennent et l’hypnothérapeute n’est là que pour la guider.
La nouvelle hypnose
L’approche dite de la Nouvelle hypnose revendique une approche qui se distingue de la méthode Ericksonienne sur plusieurs aspects.
Premièrement, la nouvelle hypnose reproche à Erickson et à ses continuateurs directs un rapport trop directif au sujet, voire une forme de ruse pouvant, selon leurs détracteurs, confiner à la manipulation. La nouvelle hypnose ne proposera pas (en principe) de tâches à réaliser, par exemple, ni d’injonctions directes ou indirectes.
Ensuite, la nouvelle hypnose privilégie une approche sur-mesure en s’attachant avant tout au vécu et à la personnalité du consultant (et du thérapeute). La nouvelle hypnose évite les protocoles, ressources et métaphores habituelles utilisées dans l’hypnose classique ou l’approche Ericksonienne.
Une fois ces grandes distinctions évoquées, il convient néanmoins de rappeler que chaque thérapeute développe dans les faits sa propre pratique et puise parmi les champs et mouvements qui lui semblent le plus adapté à la situation présente.
Ainsi, de nombreuses tendances peuvent exister qui se réfèrent plus ou moins directement à tel ou tel mouvement tout en tâchant d’en faire évoluer les pratiques.
Bienfaits et usages
L’hypnose thérapeutique trouve ses champs d’application dans différents domaines où de nombreuses études sont venues démontrer son efficacité.
Hypnose et anesthésie
L’hypnose est notamment utilisée en milieu hospitalier pour accompagner et seconder l’anesthésie.
L’hypnosédation est proposée par des médecins ou infirmiers anesthésistes soit comme alternative à des techniques conventionnelles soit en complément pour en augmenter les vertus anxiolytiques et analgésiques.
L’hypnose est dans ce contexte pratiquée en centre hospitalier par des professionnels formés spécifiquement à ses outils.
Hypnose et traitement de la douleur
L’hypnose analgésique a pour objectif de lutter contre la sensation de douleur. Elle peut être pratiquée dans trois contextes principaux :
- Pour accompagner (et réduire les effets douloureux) des actes de soins ;
- Pour lutter contre des crises de douleurs aiguës ;
- Dans le contexte de douleurs chroniques.
Là encore, l’hypnose peut être utilisée par des hypnothérapeutes spécialisés ou par des professionnels de santé formés à ces outils et pratiques.
Psychothérapie et troubles psychopathologiques
L’hypnose est utilisée depuis ses origines en Occident dans un contexte de psychothérapie (historiquement par la psychanalyse, mais également par de nombreuses approches et notamment les thérapies brèves).
L’hypnose est alors un outil pour permettre d’obtenir des résultats dans un contexte de troubles psychopathologiques.
Traitement des addictions et comportements de dépendance
Un autre champ bien connu de prédilection pour le recours aux pratiques de l’hypnose est le traitement des addictions et de la dépendance : tabacologie, alcoolodépendance, toxicomanies...
De nombreuses études tendent à souligner les atouts de l’hypnose dans le traitement des comportements de dépendance.
L’hypnose au service des professionnels de santé
On l’a dit, l’hypnose peut être pratiqué par des spécialistes de l’hypnothérapie et dont c’est l’outil de soin principal.
Néanmoins, divers professionnels du soin comme des psychologues, psychiatres et psychothérapeutes peuvent se former à l’hypnose et l’intégrer à leur pratique.
De plus, des professionnels de santé, notamment en milieu hospitalier, utilisent l’hypnose en tant qu’alternative ou que complément à des méthodes de soin conventionnelles. Ainsi, médecins, infirmiers, anesthésistes, aides-soignants se forment avec Ipnosia pour développer leurs compétences et améliorer la prise en charge de leurs patients dans les principaux centres hospitaliers du territoire.