Et si le doute était une forme d’attention ?

Ecrit par Antoine BIOY le 14 avril 2025

Qui, parmi nous, n’a jamais ressenti cette sensation flottante, ce petit vertige en fin de séance, cette question qui revient comme un murmure : « Est-ce que j’ai vraiment été utile ? Est-ce que j’ai bien fait ? » Ce doute, si fréquent, si discret parfois qu’on n’ose même plus le nommer, s’infiltre dans les interstices de notre pratique. Il prend la forme d’une hésitation, d’une autocritique, d’un sentiment d’imposture. Il se glisse entre nos gestes, nos mots, nos silences.

 

Mais ce doute est-il un ennemi ? Une faiblesse ? Un défaut de formation, ou pire, de légitimité ?

Non. Ce doute est un témoin précieux. Il dit quelque chose de notre engagement sincère. Il témoigne du fait que nous ne sommes pas dans la maîtrise, mais dans la rencontre, que nous ne cherchons pas à réussir, mais à rester ajustés.

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À Ipnosia, nous considérons ce doute comme une boussole de conscience : il signale que nous sommes vivants, que nous pensons, que nous percevons la complexité. Le vrai piège ne réside pas dans l’incertitude, mais dans le besoin de certitude. C’est lorsque nous cherchons à cocher des cases, à coller à des standards rigides, à produire des effets mesurables et visibles, que nous risquons de nous éloigner de ce qui soigne vraiment : la qualité de présence, l’écoute, l’alliance.

 

La pédagogie que nous déployons à Ipnosia s’enracine dans cette conviction : la pratique thérapeutique est vivante, incarnée, traversée. Elle demande de l’espace, du temps, des détours. Elle ne s’apprend pas uniquement dans les livres, mais dans le corps, la relation, le partage entre pairs.

 

Dans cette édition, nous vous proposons d’explorer le doute non pas comme une faiblesse à combattre, mais comme une compétence à cultiver, un indicateur d’éthique, une ouverture au réel de l’autre. Nous verrons ensemble comment il émerge, ce qu’il révèle, et comment en faire un levier de maturation professionnelle.

 

Parce qu’en réalité, ce que nous faisons, lorsque nous doutons… c’est souvent exactement ce qu’il faut faire.

 

Le doute du praticien ne naît pas du vide. Il émerge au croisement de tensions profondes, à la fois individuelles et culturelles. Les modèles de formation dominants valorisent la technicité et la standardisation. Pourtant, la relation thérapeutique est, par nature, improvisée, contextuelle, ouverte. L’écart entre ces deux logiques engendre un inconfort chronique. Nous héritons tous, plus ou moins consciemment, d’une logique orientée vers les résultats. Même au sein des approches intégratives ou humanistes, l’efficacité observable demeure un idéal implicite. Cette quête peut rendre invisibles les effets profonds, mais silencieux, d’une séance. Beaucoup de praticiens exercent sans supervision régulière, sans espace de retour ou de partage d’expérience. Le doute s’installe alors comme un bruit de fond, parfois paralysant. Le changement clinique n’est pas toujours spectaculaire ; il est souvent subtil, fragmentaire, différé. Lorsqu’un praticien attend un indicateur visible pour se sentir « bon », il risque de passer à côté du réel de la transformation. Alors, comment transformer le doute ne levier clinique? 

 

✍️ Tenir un journal clinique réflexif

Un carnet, un fichier, quelques lignes après chaque séance : ce geste simple permet d’ancrer l’expérience vécue, d’en faire un matériau d’élaboration plutôt qu’un écho mental confus.

 

🤝 Créer un groupe de pairs sans hiérarchie

Soutien, partage, entraide, retours mutuels : ces espaces permettent de dédramatiser le doute, de normaliser l’incertitude, et de s’enrichir mutuellement.

 

🧘‍♂️ Pratiquer l’ancrage avant chaque séance

Quelques respirations, une posture intérieure d’ouverture : se recentrer sur le corps, la présence, la relation. Moins de mental, plus d’écoute.

 

🎨 Identifier sa signature clinique personnelle

Qu’est-ce qui revient souvent dans ma manière d’accompagner ? Quels sont mes appuis naturels (silence, image, rythme, humour) ? Définir son langage thérapeutique singulier, c’est retrouver de la confiance dans ce qui se fait, parfois sans le vouloir.

 

À Ipnosia, nous pensons que la compétence thérapeutique n’est pas uniquement un ensemble de savoir-faire, mais une capacité à être : à être là, à être ouvert, à être en lien. Notre pédagogie valorise :

  • Une formation expérientielle, basée sur l’exploration incarnée, la créativité, le sensible
  • Une approche intégrative, où l’alliance, la subjectivité, et la lenteur sont considérés comme des dimensions centrales de la transformation.
  • Des espaces de réflexion et de supervision où le doute est accueilli comme un signal d’éthique, non comme une erreur.

 

Nous croyons à une formation qui renforce la présence du praticien plutôt que sa performance, qui développe sa capacité à habiter l’incertitude plutôt qu’à la contourner. La richesse clinique, tout autant que l’adaptabilité du thérapeute, nous semble résider là. 

 

Avec confiance dans vos incertitudes,

 

Antoine Bioy

 

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